POINT HEBDOMADAIRE SUR LES MARCHÉS
LA VIE DES MARCHÉS gérant-privé.com
Même si la Chine n'a pas encore fêté son nouvel an (elle entrera dans l'année du Singe de feu le 8 février), elle occupe toujours et encore les esprits en ce début d'année.
Mauvais indicateurs statistiques, poursuite de la baisse des bourses, tension sur le marché interbancaire, mise en action intempestive de coupe circuit des marchés boursiers et dévaluation larvée du yuan pour maintenir sa valeur contre le panier de référence des monnaies ont créé un ouragan de panique à l'instar de celui intervenu au mois d'août.
Il faut rajouter à cette ambiance morose les tensions irano-saoudiennes et l'essai nucléaire nord-coréen sans oublier le pétrole qui a touché son plus bas niveau depuis 2003.
Le flot de mauvaises nouvelles s'avère ainsi trop important à absorber pour les investisseurs qui redoutent désormais soit une récession mondiale soit un krach généralisé, soit les deux d'ailleurs. Certes, la Banque Mondiale a réduit ses estimations de croissance mondiale pour 2016 (2,9% contre 3,3%).
La composante industrielle chinoise et américaine n'est plus aussi florissante que par le passé. Néanmoins, et ce malgré la maturité du cycle, les Etats-Unis semblent toujours disposer d'un potentiel suffisant de croissance et de création d'emplois notamment grâce aux services. Dans une période creuse en termes d'annonces de résultats des entreprises, les marchés sont donc livrés à eux-mêmes et à leurs doutes.
On peut toutefois légitimement s'interroger sur cette étrange corrélation entre la chute des indices chinois, celle du pétrole et celle des marchés boursiers européens.
Les estimations de résultats pour 2016 en Europe restent prudentes (+7%).
L'alignement des planètes (euro faible, pétrole et coût de financement bas) prédomine toujours même s'il sera plus difficile de placer ses investissements sur la bonne orbite en 2016 à cause des situations plus floues aux Etats-Unis et en Chine.
Les grandes entreprises européennes réalisent environ deux tiers de leurs chiffres d'affaires hors de la zone euro. C'est pourquoi les thèmes domestiques de la zone euro doivent être privilégiés dans les portefeuilles actions. Illusions perdues sur le monde émergent, ralentissement mondial et nouveau paradigme monétaire, voilà ce qui attend sûrement les investisseurs en 2016 mais peut-être pas encore le pire du pire promis par certains.
Indices
Sur la semaine écoulée, c'est la Chine qui signe la plus forte baisse (-10%), à l'issue de deux séances écourtées à -7% et l'arrêt prématuré des cotations. La Banque centrale de Chine a depuis suspendu les coupes circuits et procédé à deux relèvements successifs du cours pivot du yuan. Ces mes
ures n'ont pour le moment pas produit leurs effets puisque l'indice Shanghaï Composite perdait plus de 5% ce matin encore. Aux Etats-Unis, le DOW JONES a connu sa pire entame annuelle depuis 1929, avec un repli hebdomadaire de 6.2% (voir graphique). Le S&P500 a cédé 6% et le NASDAQ COMPOSITE 7.26%. En Europe, c'est le DAX qui a le plus baissé (-8.3%) dans le sillage de la Chine. Le CAC40 a perdu 6.5% (plus mauvais début d'année depuis 2000). Le Footsie a cédé 5.4%. Matières premières
Les semaines se suivent et se ressemblent sur le compartiment des matières premières. Le CRB fait un nouveau plus bas sous les 170 points, malgré une reprise des métaux précieux. En effet, l’or cote à proximité des 1100 USD. L’argent et le platine résistent aussi graphiquement, ce qui montre un début d’intérêt pour ces valeurs refuges. Concernant le pétrole, la pression s’intensifie sur les prix des deux contrats, avec des cours proches des 32 USD pour le Brent et le WTI. Marchés actions
Le compartiment des actions est dans la tourmente, avec déjà des replis à deux chiffres pour de nombreuses sociétés du CAC40 (Technip, Solvay, Arcelormittal, Peugeot, Publicis). Seule valeur en territoire positif depuis le début de l’année; Nokia/Alcatel affiche une progression de 4%. Cette semaine, les publications trimestrielles démarrent aux Etats-Unis, avec bien évidemment Alcoa en ouverture. Puis au cours de cette semaine du 11 Janvier, les investisseurs prendront connaissance des résultats de nombreux établissements financiers (JPMorgan, Citigroup, Wells Fargo…) ainsi qu’Intel. Marché obligataire
En ce début de semaine, les taux diminuent légèrement. Pour les pays « Core », le bund s’inscrit désormais à 0.54% contre 0.56% précédemment et l’OAT se stabilise à 0.91%. A contrario, pour les pays périphériques, le taux espagnol se tend légèrement de 3 points à 1.78% alors que la référence grecque augmente cette semaine à 8.2%. Marché des changes
L’euro reste à l’équilibre face au dollar, en se stabilisant sous les 1.10 USD. En revanche, la livre sterling a cédé du terrain face à ces contreparties majeures, avec la chute du Brent. La baisse s’étend à 400 points de base contre le yen à 170 et autant face au dollar à 1.45 USD. Les devises liées au commerce chinois (AUD et NZD) sont également en baisse (voir graphique).
Statistiques économiques
Les chiffres publiés la semaine dernière ont fait ressortir une amélioration sensible du marché de l’emploi aux Etats-Unis. L’enquête ADP et le rapport NFP ont largement surpassé le consensus, relançant ainsi une forte probabilité de remontée des taux dans le pays de l’oncle Sam. En Europe, c’est le même constat qui a pu être fait par les opérateurs avec un taux de chômage réduit à 10.5% alors que le consensus tablait sur 10.7%. L’indice des prix à la consommation est cependant ressorti moins bon qu’attendu (+0.2% contre +0.4%).
Cette semaine, exceptés la décision de politique monétaire en Angleterre jeudi, et quelques chiffres américains vendredi (Ventes au détail, Indice des prix à la production et Indice Michigan) la semaine sera assez calme.
La Chine devrait modérer l'initiative des investisseurs dans les semaines à venir. En parallèle à cette attitude prudente, se rajoutent les craintes de voir le pétrole continuer sa baisse. Ces derniers resteront confrontés à des défis de taille sur fond de rendements en berne des placements refuges. Outre-Atlantique, l’évolution positive des taux devra être bien gérée par les institutions américaines, qui devraient connaître une année très « challenging ». En revanche, concernant les actifs risqués européens, la reprise économique progressive et l’engagement pris par la BCE de prolonger sa politique accommodante devrait malgré tout assurer des rendements convenables sur les segments des actions continentales.
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